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Biographie
Pour entrer dans ce texte, il vous faut imaginer
l’enfant et son double regard : l’un sur la démence du
monde qui l’entoure et l’autre sur la raison de ce même
monde. Mais surtout, imaginez son angoisse à rire et à
pleurer quand la vie et la mort flirtent à chaque instant.
Imaginez tout ce que
cela engendre dans son esprit au quotidien…
J’ai dû survivre avec un père qui passait souvent de
la lucidité à l’aliénation. Il a fallu que je m’imprègne de
son visage et que je scrute chacune de ses réactions pour
n’être que l’esclave de ce regard paternel. Et si les reflets
de mon œil auscultateur abritaient aussi la folie et la raison
pour n’être qu’un propulseur de plus du basculement !
Dans ces remue-méninges, les blessures profondes et les
douleurs renouvelées sont-elles celles de l’âme, du corps
ou de l’esprit ? Ne sommes-nous pas tous des fous frustrés
qui, faute de vivre notre folie constamment brimée,
pensons être des hommes rationnels ? Pour Samuel
Beckett, « Nous naissons tous fous. Quelques-uns le
demeurent1
.»
Je suis l’œil, l’oreille, mais surtout le cœur et la
mémoire vivante de mes ancêtres. L’histoire de ma famille,
mon histoire, débute au siècle dernier, au Centre Sud du
Cameroun. C’est là-bas que nous allons la revivre à travers
les récits de quelques anciens, les révélations de certains
membres de ma famille et mes propres souvenirs.
Tout au long de cet écrit, je vous donnerai à voir : «
l’enfant-adulte, l’être conditionné et l’animal aux aguets ».
Je vous ouvrirai les portes de mon être comme si « je me
mettais à la fenêtre pour me voir passer dans la rue2
».
C’est là ma déchirure. Mon cœur d’enfant est devenu, bien
malgré moi, un champ de ruines. La folie, la violence et
l’envie de vivre l’ont dévasté. Ensemble, allons faire le tour
des vestig .../...
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